« …SACRE …SACRE CHARLEMAGNE »

Publié le par Serge Baumann

Qui ne connaît « Sacré... sacré Charlemagne », le tube de France GALL sorti en 1965 ? Les plus jeunes, peut-être ! Mais tout le monde a déjà entendu parler de Charlemagne, roi des Français et sacré empereur en l’an 800. En revanche, ce que l’on connaît beaucoup moins car on en parle rarement, c’est le lieu où il est né le 2 avril 742 (voire 747 ou 748) et où il a grandi, et ce qu’il y a laissé avant de s’établir définitivement à Aix La Chapelle.

Charlemagne est né dans le département de l’Aisne, aux confins de la frontière franco-belge ; sa mère, Berthe « aux grands pieds », était la fille du comte de Laon. C’est dans cette ville et ses environs qu’il a vécu et procréé (sans retenue, paraît-il, car l’adultère n’existait pas encore) avant de s’installer à Aix-la-Chapelle. Beaucoup de gens appartenant à de très anciennes familles de la région, sont donc des descendants de Charlemagne, sans même le savoir.

Les hasards de mon parcours administratif m’ayant conduit à résider dans la ville de Laon, je me suis donc intéressé à l’histoire prestigieuse de ce haut lieu de culture médiévale. C’est alors que je me suis demandé ce qu’il pouvait bien rester de l’illustre ancêtre dans sa descendance actuelle.

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Le nombre de nos ancêtres obéit à une progression géométrique à mesure que nous remontons dans le temps. Nous avons 2 parents, 4 grands-parents, 8 arrière-grands-parents, etc. et 32 720 ancêtres à la 16ème génération, pour 30 000 gènes environ seulement. Il y a donc 2 720 ancêtres de trop pour composer le génome du 16ème descendant. Dans la réalité, les choses peuvent se passer différemment. Dans les petits villages de campagne, par exemple, les vieilles familles se sont plus ou moins apparentées entre elles au fil des générations et dans des alliances entre cousins, mais ce n’est pas supprimer le phénomène, c’est le retarder.

Or, Charlemagne a vécu il y a 12 siècles, soit approximativement 48 degrés de générations jusqu’à maintenant. Dans ce cas, le calcul du nombre d’ascendants compris dans ces 48 générations par la formule de progression géométrique que je viens de mentionner, n’a plus de sens car nous arriverions à un nombre inimaginable d’ancêtres. S’il en est autrement, c’est parce que le phénomène des vieilles familles villageoises apparentées entre elles se répète au fil du temps.

C’est donc sur la base de ce raisonnement (qui, je l’avoue, peut être contredit car je ne suis pas un scientifique) que j’ai procédé aux calculs suivants :

Posant pour postulat qu’à ce jour un membre d’une vieille famille de l’Aisne descend en ligne directe de Charlemagne à la 48ème génération, il est possible qu’il lui soit quand même totalement étranger sur le plan génétique. Pour en faire la démonstration j’ai imaginé l’existence d’un être de cette 48ème génération, au sein d’une famille composée de cinq personnes, à savoir :

- Albert, sa fille Brigitte, son petit-fils Claude, tous trois descendants en ligne directe de Charlemagne, à l’état-civil

- Augusta, l’épouse d’Albert, qui descend d’un cousin de Charlemagne. Elle est la mère de Brigitte et la grand-mère de Claude

- Mamadhou, le mari de Brigitte et le père de Claude. D’origine sud-saharienne, il n’a aucun lien de parenté avec Charlemagne, son cousin et leur ancêtre commun.

J’ai représenté cette famille sur le’ schéma ci-dessous, en plaçant ces cinq personnages dans l’ordre suivant :

« …SACRE …SACRE CHARLEMAGNE »

- au point central, Charlemagne

- au même niveau, le cousin de Charlemagne

- au dessus d’eux, leur auteur commun

- en dessous:

Albert, Augusta et, à l’écart des précédents, un membre de la lignée de Mamadhou

Brigitte et Mamadhou

enfin, Claude, de la 48ème génération

Avant de poursuivre la démonstration, je note que chacun d’eux possède comme tous les humains, un gène que je dénommerai G pour la démonstration, et je pose également comme postulat qu’il ne reste plus, venant de Charlemagne, que cet unique gène que j’attribue également aux autres personnages en le différenciant ainsi :

- G1 pour celui qui est transmis par Charlemagne

- G2 pour celui venant de son cousin

- G3 pour Mamadhou

Les tracés sur ce schéma, indiquent les parcours respectifs des gènes G1, G2 et G3. Les points d’arrêt de G1 (Albert) et G2 (Brigitte), indiquent le niveau de génération où se trouve représenté pour la dernière fois, le seul gène encore présent dans la descendance de Charlemagne ou de son cousin.

- Albert est donc le descendant direct de Charlemagne, à la fois à l’état-civil et génétiquement puisqu’il a hérité du gène G1

- Augusta est la descendante directe du cousin de Charlemagne, à la fois à l’état civil et génétiquement puisqu’elle a hérité du gène G2. Elle est la cousine de Charlemagne

- Brigitte est la descendante directe à l’état-civil de Charlemagne puisqu’elle est la fille d’Albert, mais elle lui est génétiquement étrangère puisqu’elle a hérité par sa mère, du gène G2 du cousin de Charlemagne. Elle est donc génétiquement la cousine de Charlemagne

Quant à Claude, 48ème descendant direct à l’état-civil de Charlemagne par son grand-père Albert, il est devenu génétiquement étranger à l’Empereur, au cousin et même à leur auteur commun, car il a reçu le gène G3 de son père africain.

Ouf !

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