"LES TRENTE PITEUSES"

Publié le par Serge Baumann

LES « TRENTE PITEUSES »

Succédant aux Trente glorieuses, les « Trente piteuses », qui ont pris naissance avec l’élection présidentielle de 1981, sont responsables de l’état de désindustrialisation et d’appauvrissement du pays pour des raisons à la fois institutionnelles et économiques.

Sur le plan institutionnel

L’élection présidentielle :

Dans sa version initiale, la constitution de la Vème république prévoyait l’élection présidentielle par un collège de grands électeurs composé d’élus nationaux et territoriaux. Ce système avait l’avantage de pondérer les promesses électorales à un niveau de responsabilité politique et non pas d‘encourager l’éviction de l’intérêt général au profit d’un intérêt individuel dans le choix des suffrages.

Malheureusement, cette garantie en faveur d’un développement continu de la prospérité générale a disparu lorsque ce système électoral a été remplacé par le suffrage universel, un changement auquel Pierre Mendés-France s’était notamment opposé à l’époque.

Les conséquences néfastes de cette modification ne se sont pas fait attendre. Depuis 1981, les candidats à la présidence de la République n’ont d’autre choix pour obtenir la moindre chance de succès, que d’obtenir les suffrages des électeurs par des promesses d’augmentation de pouvoir d’achat excessives car incapables d’être financées par un accroissement correspondant de la production de richesse nationale. Par voie de conséquence, la dette publique s’accroît de façon incontrôlable et continue.

L’absence d’encadrement réel de la dépense publique :

Aux effets négatifs de ce changement, s’ajoute l’absence de règle institutionnelle qui permette de conditionner le volume de la dépense publique à un niveau compatible avec celui de la production de richesse nationale. Le traité de Maastricht prévoyait bien de limiter le déficit annuel à 3% du PIB dans la limite d’un endettement global de 60% mais aucune réelle sanction n’ayant été prévue en cas de non-respect de ces dispositions, celles-ci sont devenues pratiquement inopérantes. C’est ainsi qu’en France, l’endettement public est passé successivement de 16% en 1981, à 60% lors de l’adoption du traité de Maastricht et qu’il va franchir très prochainement le cap des 100%.

Dans ces conditions, les promesses électorales des futurs candidats aux élections présidentielles à venir, ressembleront comme des sœurs à celles qui se sont succédées depuis l’élection présidentielle de 1981.

Sur le plan économique

L’économie de subsistance :

Avant la guerre et, peut-on dire, jusqu’à l’apparition du numérique générateur d’un progrès technique exponentiel, les moyens de subvenir aux besoins alimentaires qui constituaient l’essentiel des besoins élémentaires de chacun, relevaient de l’effort individuel, autrement dit, on ne pouvait compter que sur son propre travail et non sur celui des autres pour vivre. Il en va différemment aujourd’hui.

Autrefois, relevait de la solidarité, les personnes incapables en raison de leur âge ou d’une invalidité physique de pouvoir subvenir aux besoins élémentaires de leur existence. Aujourd’hui, le mot de solidarité s’est étendu à de multiples situations d’insuffisance économique sans lien réel avec une quelconque incapacité physique, provoquant ainsi des transferts de création de richesses entre catégories sociales différentes au titre de la « redistribution », complétés par une mise au passif des générations futures de l’endettement cumulatif des générations qui les ont précédées.

L’économie de loisirs :

A l’économie de subsistance, a succédé une économie de loisirs provoquée à la fois par une production de masse dans le domaine de l’alimentation et par les activités distractives générées grâce aux applications du progrès scientifique. Aujourd’hui, sont admis comme étant des besoins élémentaires de l’existence, outre les besoins alimentaires, de multiples applications de ce progrès tels que la substitution du transport individuel au transport collectif, et l’accès permanent aux médias audio-visuel ainsi qu’aux moyens individuels de communication à distance dès le plus jeune âge.  

Ce nouveau modèle économique a pour effet de réduire le temps d’activité économique nécessaire pour une création de richesse nationale correspondant aux besoins, à un niveau inversement proportionnel à celui des insatisfactions génératrices de tensions sociales latentes ou explosives.

A l’expérience de ces quarante dernières années, aucun signe ne fait apparaître la perspective d’un retour à un état de réelle prospérité générale reposant sur la base d’un équilibre retrouvé entre la production et la consommation de richesse nationale, et rien ne laisse à penser qu’il s’agisse d’un sujet d’actualité.

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