L'harmonie conjugale
L’HARMONIE CONJUGALE est le passage obligé du bonheur quand deux êtres de sexe différent ambitionnent de vivre ensemble pour mener à bien leur destinée personnelle et familiale. Elle est un des nombreux effets induits par les lois naturelles qui règlent la vie des humains et leur désir de procréation.
La conjugalité. Initialement, la conjugalité désignait l’état d’un homme et d’une femme unis par les liens du mariage ; c’était, en quelque sorte, la sèche définition d’une situation administrative. Mais avec le développement des unions libres, cette définition passe de l’ordre administratif à celui des engagements affectifs du couple. Telle est la raison pour laquelle on peut dire aujourd’hui qu'il y a conjugalité quand les deux conditions suivantes sont réunies : 1 – on vit ensemble ; 2 – avec l’espoir qu’il en sera toujours ainsi.
I – On vit ensemble
Deux usines chimiques à la maison
Le « donnant-donnant »
Les compromis
II – Avec l’espoir qu’il en sera toujours ainsi
Un seul être peut en cacher beaucoup d’autres
Les reconstructions
L’instinct de conservation
Le « devoir conjugal » et « les jeux de l’amour »
I – « On vit ensemble…
Vivre ensemble est un pari sur l’avenir qui mise autant sur la bonne volonté commune des intéressés, que sur leur bonne étoile car nul n’est parfait. L’être idéal avec lequel on voudrait passer sa vie entière n’existe pas, et quand bien même existerait-il, c’est lui qui ne voudrait pas de nous. Tout au plus, pouvons-nous espérer rencontrer notre alter ego avec lequel il sera plus facile de composer qu’avec quelqu’un de très différent par nature ou par éducation.
… avec nos différences »
Deux usines chimiques à la maison. Toutes ces subtilités sont à mettre au compte des mécanismes dont la nature a doté notre corps. L’être humain est une stupéfiante usine chimique dont les réactions moléculaires conditionnent le caractère, le tempérament et l’aptitude à la connaissance ; elles sont donc très variables d’un individu à l’autre. Effectuons une comparaison en imaginant par exemple, un rallye de véhicules dont chaque modèle ne ressemble à aucun autre ; ils emprunterons le même circuit mais, à l'arrivée, l’examen des vidéos de contrôle révélera qu'ils ont eu des comportements différents ne serait-ce qu’à quelques nuances près, et cela n’étonnera personne.
Ces différences s’expliquent aisément. Chaque véhicule est composé d'un ensemble de pièces qui encadre strictement des performances uniques, c’est-à-dire, à aucune autre pareille. Il en est de même pour chacun d’entre nous sauf qu’il ne s’agit plus de pièces mécaniques mais d’actions chimiques internes, soumises aux règles du patrimoine génétique que nous ont transmis nos parents. C’est pourquoi il est vain de dire, à propos de quelqu’un dont on critique à tort ou à raison une décision : « À sa place, j’aurais fait... ». Eh bien, justement, on n’est pas à sa place pour savoir comment la chimie moléculaire de son organisme a influencé sa décision, ce qui n’ôte rien au droit de critiquer, bien entendu !
« Donner et recevoir à parts égales, telle est notre devise »
Le « donnant-donnant ». Le principe fondateur de l’harmonie conjugale, c’est le « donnant-donnant », chacun attendant de l’autre la contrepartie à poids égal de ce qu’il apporte. Quand cet équilibre est rompu, la mésentente s’installe, de façon passagère dans le meilleur des cas, durablement quand le déséquilibre perdure.
Au départ, lors de la formation du couple, le « donnant-donnant » repose essentiellement sur des apparences, tels que l’attrait physique et la découverte de la personnalité. Si l’intensité de l’attrait physique est très élevée, elle peut même conduire à un aveuglement, pas forcément involontaire, d’ailleurs ; la perspicacité et le bon sens sont alors pris en défaut. Je pense à la jeunesse en particulier, à cet âge où la beauté est la plus resplendissante mais à qui la vie n’a pas encore ouvert les yeux. Quoi qu’il en soit, l’image que l’on a de l’autre au moment de la rencontre initiale, est toujours fragile car on ne connaît vraiment quelqu’un, qu’en vivant avec lui.
J’ai vu récemment une rediffusion sur ARTE, du film « Un mariage à l’italienne » avec, dans les rôles principaux, Sofia Loren et Marcello Mastroianni. C’est l’histoire d’une prostituée, mère de trois garçons, qui veut se faire épouser par un riche séducteur, père de l’un de ses enfants sans qu’il sache lequel est son fils. Elle lui cache l’identité de ce fils pour être certaine qu’en l’épousant, il adoptera les trois enfants et non pas le seul dont il est le père. Cette histoire compliquée est une cause de discorde entre les deux amants qui, à la fin, s’agressent assez durement sur un terrain vague au point de chuter tous les deux à terre. Alors, lui au-dessus d’elle, nez à nez et les yeux dans les yeux, ils continuent de s’invectiver rageusement jusqu’au moment où, sans transition, ils s’embrassent avec passion. Finalement, la femme obtient ce qu’elle a toujours voulu : le mariage et l’adoption des trois enfants par son mari.
Qu’y a-t-il donc de si étrange me direz-vous, dans ce type de scène que l’on ne cesse de voir en boucle dans les séries télévisées ? Eh bien, c’est un exemple parmi tant d’autres de la nature du « donnant-donnant ». Marcello Mastroianni, dans son rôle de séducteur, est amoureux de la femme représentée par Sofia Loren, parce qu’il croit qu’elle est son alter ego, à quoi s’ajoute de façon décisive, l’instinct paternel qui s’est éveillé en lui au contact des trois enfants dont l’un est son fils. Le tout forme pour ce grand séducteur séduit à son tour, un bloc de tendresse qui n'est pas d'un poids inférieur au bloc de contraintes auquel le mariage le soumet, sinon il n'aurait pas accepter d'épouser la mère de son fils,
Quand les volontés s’exercent librement au sein du couple, la rupture du « donnant-donnant » est ressentie chez la victime, comme un malaise qui se développera jusqu’à créer une situation dont l’alternative sera la suivante : un rétablissement du « donnant-donnant » ou une souffrance permanente qui conduira peut-être jusqu’à la rupture du lien conjugal.
Comment savoir si le « donnant-donnant » est bien présent ? Pour un observateur attentif, ce n’est pas facile à déchiffrer car, vu de l’extérieur, on ignore si la volonté de chacun des conjoints est pleine et entière, ou si elle est soumise à des contraintes qui altèrent son consentement. Exemples : mariage forcé ou violences conjugales. Peut-être y parviendra-t-on quand même en interprétant l'expression du visage : apaisée ou mélancolique.
« Nous allons l’un vers l’autre d’un pas égal »
Les compromis. Si la fidélité est le passage obligé de la confiance, laquelle est elle-même le passage obligé du bonheur, l’infidélité n’est pas la seule à provoquer des troubles de l’esprit chez des êtres fortement épris l’un de l’autre, avec une susceptibilité à fleur de peau. Au moindre manquement dans les propos ou le comportement, la souffrance peut s’installer et l’harmonie conjugale être durablement compromise. Dans le pire des cas, de la distance s’installe sournoisement entre les deux conjoints qui finissent par vivre ensemble en parfaits étrangers l’un pour l’autre. Afin d’éviter cette sombre évolution, il faut accepter le dialogue et le compromis, deux pièces essentielles du bonheur conjugal.
Le compromis, c’est la gêne que chacun accepte de subir dans la limite des avantages qu’il en obtient. On ne peut vivre en couple dans une ambiance harmonieuse si l’un des deux refuse de se soumettre à la loi conjugale du compromis.
Les compromis peuvent être occasionnels ou permanents. S’ils sont permanents, cela signifie qu’ils sont acceptables sinon, ils finiraient par devenir douloureux et insupportables. Voici un exemple de bon compromis.
Françoise est désordonnée, c’est plus fort qu’elle. Elle n’est à l’aise qu’au milieu de tout son bric-à-brac. Son mari, Georges, est au contraire un maniaque du rangement. Chez l’un comme chez l’autre, c’est une question de tempérament. Bien que très épris l’un de l’autre, les débuts de la vie commune furent difficiles car aucun des deux conjoints ne parvenait à surmonter sa différence. Que faire ? Ils finirent par adopter une solution de bon sens : chacun se réserva une pièce dans la maison pour s’y tenir à son goût. Quant aux pièces communes, le maniaque prit en charge le rangement, et la désordonnée les tâches ménagères.
Si l’on ne peut changer véritablement le tempérament de quelqu’un, sauf à lui infliger une contrainte qui deviendra vite insupportable, on ne peut pas non plus laisser prospérer des désaccords qui risquent, à la longue, d’étioler les sentiments de l’un pour l’autre. Il est, en effet, des compromis inacceptables comme, par exemple, les addictions vénéneuses à l’alcool, la drogue, le jeu, l’infidélité, la dilapidation des ressources familiales. Si le coupable ne se soumet pas à une thérapie de choc pour dominer son addiction, la disparition du couple apparaîtra bien vite comme la moins mauvaise des solutions.
II – Vivre avec l’espoir qu’il en sera toujours ainsi.
« Est-ce que nous nous connaissons vraiment bien tous les deux ? »
Un seul être peut en cacher beaucoup d’autres. Dans la vie courante, le visage affiche des expressions variables, allant de la gaieté à la gravité suivant les circonstances du moment, mais sans pour autant modifier les comportements habituels qui restent fidèles à eux-mêmes ou, dit en termes pseudo scientifiques, qui restent en harmonie avec la stabilité des réactions moléculaires dont ils dépendent. Inversement, les situations inédites qui bousculent cette stabilité, mettent en mouvement des réactions inhabituelles et parfois surprenantes.
Dans la scène de ménage du film que je viens d'évoquer, on a vu deux êtres s’affronter sévèrement puis, de façon soudaine et imprévisible, deux amoureux profondément épris l’un de l’autre. Ainsi, chez les deux adversaires et amants, se tenaient tapis dans l’ombre de leur personnalité respective, deux personnages occasionnels, aussi différents l’un de l’autre que le jour et la nuit : l’un rageur et l’autre tendre ; ils bondirent de leur tanière quand les circonstances s’y prêtèrent, c’est-à-dire, pendant l’altercation.
Cette multiplicité de personnages dormants au sein d’une même personnalité, peut être aussi une source de malentendus, de nature à tromper le conjoint. Exemple : En l’absence d’informations suffisantes pour lui ouvrir les yeux, celui-ci pense de bonne foi aimer un être conforme à l’image qu’il s’en fait jusqu’au moment où il découvre avec effroi, que l’être aimé n’est pas celui qu’il croyait, qu’il n’aimait qu’un personnage virtuel, c'est-à-dire, sans existence réelle, et que l’autre, bien réel, lui est inconnu. Le rejet de l’inconnu peut être immédiat.
La vie est ainsi faite qu’en chacun de nous coexistent des êtres différents, bons ou mauvais, qui se manifestent accidentellement ou durablement, quand ils doivent affronter les aléas de l’existence. Très éloignés parfois les uns des autres, ils s’installent sous l’influence de nos réactions instinctives et de notre expérience de la vie acquise avec l’âge. C’est ainsi qu’à vingt ans, sans véritable passé, nous ne savons pas encore ce que nous deviendrons plus tard, face aux évolutions du monde et aux accidents de la vie. Telle est la raison pour laquelle ce que l’on peut aimer à cet âge, est parfois honni plus tard, quand l’amour et la tendresse ne sont plus présents dans les cœurs. Dans les cas extrêmes, les amants sont capables de se transformer en tyrans, et dans ce cas, la séparation est un moindre mal, quelles que soient, par ailleurs, les douleurs de la reconstruction à entreprendre pour y répondre.
« J’ai refait mon couple et je me suis reconstruit(e) »
Revenons à notre randonnée en voiture. Pendant le trajet, il a fallu descendre une pente si abrupte que, même en 1ère, le frein moteur de l’un des véhicules ne suffisait plus à contrôler la folle descente à tombeau ouvert. La mécanique grinçait, les engrenages étaient sur le point de craquer, il a fallu attendre de retrouver un terrain plat pour que la voiture ralentisse enfin.
Le concepteur du véhicule n’avait pas envisagé cette situation pas plus que le protocole chimique d’un corps ne prévoit de subir des situations qui désorganisent son fonctionnement. Quand le cas se produit, de graves dérèglements peuvent mettre en danger l’équilibre mental de la personne concernée, jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre, adapté aux nouvelles conditions d’existence, se mette en place. Cette période d’adaptation, c’est le temps douloureux de la reconstruction ; il peut durer très longtemps, plusieurs années, voire même ne jamais connaître de fin.
Les reconstructions. Les reconstructions provoquent des désordres plus ou moins mal ressentis suivant l’ampleur des changements qui les ont provoquées, et le degré de résistance de l’organisme à tout changement. Elles peuvent être bénignes quand il s‘agit de s’adapter à une simple modification de son mode de vie ou de son activité. Exemple : un changement de résidence ou d'emploi. Dans ce cas, le trouble réside essentiellement dans la gêne que procure l’abandon d’habitudes acquises au profit de nouvelles habitudes même si le changement produit des effets bénéfiques. Mais à l’autre bout de la chaîne, elles peuvent être à l’origine de situations dramatiques. Prenons quelques exemples historiques.
Après avoir pour ainsi dire conquis l’Europe, Napoléon aurait dû prendre sa retraite ; j’entends par là, que le glorieux guerrier aurait dû se reconvertir en sage administrateur. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé, il a fallu que l’Empereur parte en guerre contre la Russie malgré l’avis contraire de bon nombre de ses valeureux généraux. Cette erreur humaine fut à l’origine d’une catastrophe gigantesque dont l’onde de choc n’a pas encore totalement disparu. Pourquoi a-t-il commis cette erreur ? Très probablement parce que la reconstruction de son « logiciel » moléculaire qui s’était formé au fil du temps pour des actions guerrières, lui a causé une telle souffrance qu’il a été incapable d’en supporter le processus jusqu’à son terme.
Plus près de nous, le général de Gaulle lui-même, après avoir redressé le pays, n’a pas résisté à l’envie malheureuse d’entamer un second mandat présidentiel au lieu de profiter sagement d'une retraite bien méritée auréolée d'un nouveau prestige s'ajoutant à celui du "18 Juin". Ce deuxième mandat a été entaché par les tristes résultats que l’on sait : Mai 68 et une démission l’année suivante.
Il s’agit de cas extrêmes, certes, mais très significatifs de l’emprise que les réactions chimiques de l’organisme exercent sur la volonté des individus. Il ne fait pas de doute à mes yeux que Napoléon et de Gaulle, deux hommes à l’intelligence hors du commun, avaient chacun en son for intérieur, l’intime conviction de commettre une erreur. Et pourtant, ils l’ont faite.
L’instinct de conservation. Pourquoi notre mécanique chimique ne peut-elle s’adapter immédiatement au changement au lieu de résister, ce qui serait beaucoup plus simple. Eh bien, selon toute vraisemblance, pour protéger ce qui existe déjà. C’est l’instinct de conservation qui nous préserve aveuglement de tout ce qui est nouveau ; pour lui, le changement est un danger contre lequel il doit lutter pour préserver l’acquis. Dans ce bras de fer, c’est le plus fort qui l‘emporte.
Quand la mésentente s’installe dans un couple, tous les prétextes sont bons pour espérer que les choses finiront par s’arranger, jusqu’au jour où la rupture devient inévitable. Ce qui s’ensuit alors, peut quelque fois surprendre. Tous les avocats vous diront qu’ils ont été au moins une fois témoins au cours de leur carrière, d’une scène significative. L’un des conjoints, désespéré, prend contact avec son avocat et se présente seul à son cabinet pour un premier rendez-vous. Ce client est effondré parce que sa femme s’il s’agit d’un homme, ou son mari s’il s’agit d’une épouse, l’a abandonné. Un mois s’écoule et le même personnage revient pour un second rendez-vous, mais accompagné cette fois d’une nouvelle compagne ou d’un nouveau compagnon. Son visage est transfiguré comme si la désespérance du mois précédent n’avait pas existé. L’instinct de conservation se serait-il avoué vaincu ? Pas du tout ! La présence d’un nouveau conjoint comble, comme un leurre, le vide laissé par son prédécesseur et, en ce sens, l’instinct de conservation y trouve son compte. Mais pour ce qui est de la suite, c’est-à-dire, de l’adaptation au nouveau mode de vie, le phénomène de la reconstruction s’imposera quand même et pour très longtemps peut-être, quelle que soit par ailleurs la nature, même paisible, des relations dans le nouveau couple.
« Notre jardin secret »
Le devoir conjugal et les jeux de l’amour. Le devoir conjugal est une expression triste comme un jour sans pain. Telle était la définition de la vie sexuelle des couples avant l’apparition des moyens contraceptifs qui ont libéré la femme des craintes d’une grossesse non désirée. À cette expression en a succédé une autre, beaucoup plus souriante : « Les jeux de l’amour ». Aujourd’hui, derrière les portes closes des chambres à coucher, toutes les activités sexuelles propres à procurer du plaisir aux deux partenaires, sont permises et même fortement contributives à l’harmonie conjugale des couples heureux. Il ne s’agit plus, comme dans les temps révolus du « devoir conjugal », d’exercices d’hygiène propres à satisfaire des besoins élémentaires au même titre que dormir, boire et manger, mais de fortifier une union forgée par des sentiments de tendresse et d’amour : on est heureux de partager son plaisir à deux, parce que l’on s’aime. C’est du « donnant-donnant » !
Mais attention au laisser-aller ! L’enthousiasme de la découverte dans les débuts, ne doit pas sombrer insidieusement dans la fadeur du devoir conjugal reconstitué. Chacun doit veiller sur son comportement autant que sur celui de son conjoint, pour préserver l’envie du plaisir partagé, quel que soit, par ailleurs, le temps qui passe.
Bonne chance à tous !
A LAON, le 22 octobre 2014
- Serge BAUMANN
(Si vous n'êtes pas trop lassé de me lire, je vous invite à voir le complément suivant : "Quel couple formez-vous ?")
Conseiller honoraire des chambres régionales des Comptes
QUEL COUPLE FORMEZ-VOUS ?
La passion amoureuse
La passion amoureuse occupe la plus haute marche dans les relations intimes du couple. Lorsqu’elle est vécue intensément, elle peut même devenir tyrannique jusqu’à s’opposer à toute volonté d’y mettre fin. Le couple formé autrefois par Elizabeth TAYLOR et Richard BURTON est un exemple typique de cette forme d’aliénation à la passion amoureuse. Leur relation fut tumultueuse, marquée par l’alcool et des violences. D’abord amants puis mariés, ils divorcèrent, se remarièrent et divorcèrent à nouveau, se résignant enfin à vivre l’un sans l’autre.
La passion amoureuse commence généralement par un coup de foudre provoqué par la réunion de trois éléments concordants :
1 : L’attrait du visage qui flatte le goût de l’esthétique que chacun possède en soi à des degrés divers.
Un couturier célèbre dont j’ai oublié le nom – peut-être Christian DIOR ? – disait que le premier regard qu’il portait sur une inconnue se posait d’abord sur son visage. Il est vrai qu’un beau visage, féminin ou masculin, a tendance à gommer dans le regard de l'observateur, les petites imperfections physiques, alors que l’inverse est différent : un visage dépourvu de charme amoindrit injustement la perception de l’attrait physique.
2 : Une sensualité suffisamment exposée pour provoquer une pulsion amoureuse.
Du temps de mon enfance, avant la guerre, les femmes portaient des robes jusqu’au-dessous des genoux avec des plis sous lesquels se cachaient les courbes les plus gracieuses. Ainsi, les mômes goguenards que nous étions alors, traitaient ironiquement de « grandes perches » les jeunes filles minces et élancées. Aujourd’hui, les mêmes jeunes filles en minijupe avec un reste de tenue appropriée, provoqueraient l’étonnement admiratif des mêmes gamins que nous étions alors, ainsi que les fantasmes des plus âgés mûrs pour l’amour.
3 : L’attrait de la personnalité telle qu’elle est ressentie au vu des apparences.
Une personnalité attrayante peut exercer par son charme, un désir d’amitié mais aussi un désir d’affection si la personne qui l’observe ressent ce charme comme une réponse à un besoin de mieux-être affectif. Dans ce cas, il suffit que les deux précédentes conditions soient réunies pour que le charme du coup de foudre opère instantanément. Si l’attrait est réciproque, alors le couple est prêt à vivre une passion amoureuse.
Dans le cas contraire, c’est-à-dire, quand la passion amoureuse de l'un ne rencontre que l'amitié amoureuse de l'autre, celle-ci pourra se transformer en affection amoureuse si les circonstances s’y prêtent avec le temps. Si tel n'est pas le cas, le plus amoureux des deux devra prendre garde de ne pas lasser l'objet de sa passion.
La tendresse amoureuse
Passion et tendresse amoureuses, tel est le Graal que tous les couples souhaitent décrocher « pour le meilleur et pour le pire ». Dans la tendresse amoureuse, il y a, de façon plus ou moins ressentie, un protecteur et un protégé dont la fragilité est attendrissante. Après, le temps fait son œuvre. La "tendresse" peut devenir lassante ou, au contraire, évoluer favorablement en figeant l'équilibre initial du couple ; dans ce cas, l'intelligence commune des conjoints permet de préserver l'acquis initial en évacuant ce qui peut lui nuire, et en consolidant ce qui le fortifie.
Le romantisme amoureux.
C’est l’amour idéalisé, celui que l’on découvre généralement pour la première fois, et où l’attrait sexuel n’est pas nécessairement prédominant. C’est l’amour dans le jardin d’Eden avant qu’il n’évolue, dans un sens positif ou négatif, face aux réalités du monde et aux aléas de l’existence.
L'affection amoureuse
L'affection amoureuse est faite de confiance réciproque et d’attachement mutuel. Elle n'est pas démonstrative, c'est un amour tranquille et sans histoire. Elle peut être une suite naturelle de l'amitié amoureuse.
L'amitié amoureuse
L’amitié amoureuse est par nature, exclusive d'engagement durable. Elle suppose une estime réciproque suffisante pour répondre à un besoin de complicité amoureuse. Avec le temps, elle peut se transformer en affection amoureuse ou, au contraire, se languir dans un état de lassitude précurseur de rupture.
L’espérance amoureuse
Elle apparaît souvent après un choc affectif ou pour rompre avec la solitude de l’âme. On recherche une personne que l’on ne connaît pas encore mais avec laquelle on espère découvrir l’amour simple et une vie de bonheur partagé. C’est un pari sur l’avenir où les ambitions d’amour fou sont absentes sauf le coup de chance. Je pense notamment aux candidats de l’émission de Karine Le Marchand : « L’amour est dans le pré ».
La raison amoureuse
Dans ce modèle d’amour, les sentiments sont exclus parce qu’il s’agit le plus souvent d’unions « arrangées ». Le cas le plus symptomatique est celui de Charles d’Angleterre et de Lady Diana. L’histoire serait la suivante. La dynastie des Windsor actuellement sur le trône, est la bénéficiaire d’un coup monté en 1701 pour des raisons religieuses, contre la dynastie en place des Stuart, une situation inconfortable pour les Windsor. Or, il se trouve que Diana était une authentique descendante des Stuart donc, en alliant Charles et Diana, on remettait sur le trône la dynastie des Stuart en même temps que celle des Windsor, une réconciliation destinée à effacer le péché originel de la dynastie actuelle.
Le problème, c’est que le cœur de Charles était déjà pris et que malgré l’exceptionnelle beauté de Diana, il ne fut séduit ni par son charme ni par son esprit ni même par ses qualités de cœur dont elle fit preuve en de multiples occasions. Mais il s’inclina pour obéir aux impératifs de la dynastie. Malheureusement, sur le plan humain, ce couple connut un terrible échec.
La morale de cette histoire qui finit tragiquement pour Diana, c’est que l’harmonie d’un couple ne dépend pas seulement de ce qui est souhaitable et espéré ; il y faut aussi les raisons du cœur que la raison ne connaît pas toujours.
Une autre version plus anonyme et moins dramatique de la raison amoureuse, est celle qui permet d’obtenir un complément de mieux-être par une mise en commun des besoins de l'existence. Bien qu'initiée sur la base d'une confiance réciproque dépourvue d'élan affectif, elle peut évoluer vers une ouverture commune du coeur et de l'esprit, c'est-à-dire, vers une affection amoureuse.
L’aventure amoureuse
Il ne s’agit plus à proprement parlé de couple mais plutôt d’accouplement. Il n’empêche que durant un bref instant de vie, deux êtres s’unissent pour partager un temps de plaisir sans lendemain.
Avec l’évolution des mœurs et l’apparition des moyens contraceptifs, les aventures dites "d'un soir" se sont multipliées jusqu'à devenir pour des personnes jalouses de leur indépendance, un choix de confort sexuel dénué de tout engagement.
Les unions atypiques
Les unions atypiques se forment entre personnes très différentes l’une de l’autre comme, par exemple, deux êtres séparés par un grand écart d’âge, leur couleur de peau ou leurs origines culturelles. Exception faite d'un puissant attrait réciproque, elles n’ont rien ou très peu en commun pour élaborer un projet de vie à deux. Cette différence les contraints à faire d’intenses efforts pour oublier ce qui les sépare et construire patiemment, jour après jour, l’union de leurs deux vies.
Descriptif d’une union atypique formée entre deux êtres issus de générations différentes.
Autrefois, une telle union aurait parue indécente et vouée à l’échec à plus ou moins long terme. C’était une appréciation conforme à la mentalité collective de l’époque. Mais les idées ont évolué et cet anathème a disparu des esprits.
Aujourd’hui, si l’attrait reste un des fondements de la formation des couples, aucune restriction n'atteint les couples atypiques à cause d’une différence d’âge, de couleur de peau, ou de culture. Quant à la réciprocité de l’attrait, elle n’est pas forcément inégale quoi que l’on puisse en penser entre, par exemple, une jeune fille influençable et un homme plus âgé que son assurance impressionne et rassure.
Dans cette forme d’union atypique, les liens conjugaux sont d’une autre nature que ceux d’un couple issu de la même génération. Chez la jeune fille à peine sortie de l’adolescence, le conjoint d’une autre génération occupe comme un leurre la place destinée au père protecteur. De l’autre côté, la confiance attendrissante de la jeune fille et sa vulnérabilité éveillent chez l’homme mature l’instinct paternel et le sens d’une responsabilité à laquelle il ne saurait se soustraire sans culpabiliser.
Après, le temps passe et fait son œuvre, mais l’imprégnation de cette relation initiale subsistera de façon sous jacente durant toute la vie du couple et contribuera fortement à la solidité du lien conjugal malgré les aléas de l’existence.
On retrouvera ce modèle de liens conjugaux dans les cas d’union atypique de type mère-fils. Tous nos concitoyens en connaissent au moins un exemplaire mondialement célèbre.
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Merci de m’avoir lu et bonne journée !
A LAON, le 30 janvier 2018
Serge BAUMANN
PS : Je vous signale, pour le cas où vous seriez intéressé, que d'autres publications figurent dans mes trois blogs :
sergebaumann.over-blog.com L'heureuse histoire d'une petite souris ; L'avenir du monde, Une institutrice bien-aimée, L'intelligence, etc.
voyagestouristiques.over-blog.com : Thaïlande, Mexique, USA Far-West, Turquie, Chine
mespetitspinceaux.over-blog.com En voici un extrait :